Ruben Um Nyobè (1913-1958)

Ruben Um Nyobè (1913-1958)

Ruben Um Nyobè (1913-1958)

### ? **Synthèse complète sur Ruben Um Nyobè (1913-1958)**

#### ? **1. Origines et formation**
- **Naissance et enfance** : Né en 1913 à Song Mpeck (près de Boumnyébel), dans une famille d’agriculteurs bassa. Son père, prêtre traditionnel, l’initie à la cosmogonie bassa et à la résistance contre l’oppression coloniale .
- **Éducation** : Formé dans les écoles presbytériennes sous administration française, il obtient son baccalauréat à Édéa à 26 ans. Polyglotte (bassa, français, bulu, douala), il devient greffier dans l’administration judiciaire coloniale, où il observe les inégalités systémiques .
- **Éveil politique** : Rejoint la *Jeunesse camerounaise française* (JeuCaFra) dans les années 1930, puis le *Cercle d’études marxistes* de Gaston Donnat en 1944, déclarant : *« C’est la première fois que je m’assois à la table d’un Blanc : c’est un événement au Cameroun »* .

#### ?? **2. Engagement syndical et fondation de l’UPC**
- **Leadership syndical** : Secrétaire général de l’*Union des syndicats confédérés du Cameroun* (USCC) en 1947. Il milite pour l’égalité salariale et dénonce la répression coloniale, comme lors du massacre de Douala (1945), où des colons tuent des dizaines de grévistes .
- **Création de l’UPC** : Co-fonde l’*Union des populations du Cameroun* (UPC) le 10 avril 1948 à Douala. Objectifs : indépendance immédiate, réunification du Cameroun britannique et français, justice sociale. Le drapeau UPC (rouge, crabe noir) symbolise le sang des martyrs et l’unité africaine .
- **Stratégie politique** : Privilégie les *« comités de base »* pour mobiliser les masses rurales et urbaines. Crée l’*Union démocratique des femmes camerounaises* (1952) et la *Jeunesse démocratique du Cameroun* (1954), diffusant ses idées via *La Voix du Cameroun* .

#### ? **3. Combat pour l’indépendance et l’unité**
- **Plaidoyers à l’ONU** : Se rend trois fois à l’ONU (1952-1954) pour exiger l’application du droit à l’autodétermination. Il déclare : *« La colonisation est un esclavage ; c’est l’asservissement des peuples par un groupe d’individus dont le rôle est d’exploiter les richesses et les hommes »* .
- **Anti-tribalisme et "Umisme"** : Rejette toute division ethnique instrumentalisée par le colonisateur : *« Rompons avec le tribalisme périmé et le régionalisme rétrograde ! »*. Son idéologie, l’*Umisme*, prône une *« révolution des esprits »* pour libérer les mentalités de la peur coloniale .
- **Pacifisme initial** : Opposé à la violence jusqu’en 1955, il organise des boycotts et grèves. Ses meetings se clôturent par l’hymne camerounais et *La Marseillaise*, affirmant : *« Je ne confonds pas le peuple français avec les colonialistes »* .

#### ? **4. Répression, clandestinité et assassinat**
- **Interdiction de l’UPC** : Le 13 juillet 1955, la France interdit l’UPC après des émeutes à Douala. Um Nyobè entre dans la clandestinité en mai 1955 et crée une branche armée, le *Comité National d’Organisation*, en décembre 1956 .
- **Mort au maquis** : Traqué par l’armée française, il est abattu le **13 septembre 1958** à Libelingoï, près de Boumnyébel. Sa compagne Marie Ngo Njock et leur fils Daniel (né en 1956) l’accompagnent jusqu’à sa mort .
- **Conséquences** : Son assassinat décapite l’UPC. Félix-Roland Moumié (successeur) est empoisonné en 1960 par un agent français ; Ernest Ouandié est exécuté en 1971. La guerre civile entraîne 30 000 à 500 000 morts .

#### ?? **5. Héritage et réhabilitation posthume**
- **Censure mémorielle** : Jusqu’en 1991, son nom est interdit au Cameroun. Les autorités post-indépendance (Ahidjo, Biya) effacent son rôle pour légitimer leur pouvoir néocolonial .
- **Reconnaissance contemporaine** :
- **Statue à Éséka** : Un monument lui est érigé en 2007, devenu un lieu de pèlerinage .
- **Œuvres culturelles** : L’album *1958* de Blick Bassy (2019) et le roman *Confidences* de Max Lobe (2016) réhabilitent sa figure. Le morceau *Mpodol* le célèbre comme *« porte-parole des sans-voix »* .
- **Évaluation historique** : L’historien Richard Joseph le compare à *« Nyerere, Nkrumah ou Lumumba »*, soulignant son génie organisationnel .

#### ? **Tableau synthétique : L'idéologie umiste**
| **Principe** | **Manifestation** | **Impact** |
|---------------------------|--------------------------------------------|---------------------------------------------|
| **Nationalisme inclusif** | Rejet du tribalisme, unité Camerounaise | Mobilisation multiethnique contre la colonisation |
| **Révolution des esprits**| Écoles du parti, journaux (La Voix du Cameroun) | Éveil politique des masses rurales |
| **Diplomatie offensive** | Plaidoyers à l’ONU (1952-1954) | Internationalisation de la cause camerounaise |
| **Justice sociale** | Syndicalisme, égalité salariale | Alliance entre ouvriers et paysans |

#### ? **Chronologie clé**
- **1913** : Naissance à Song Mpeck.
- **1948** : Fondation de l’UPC.
- **1952-1954** : Interventions à l’ONU.
- **13 juillet 1955** : Interdiction de l’UPC.
- **13 septembre 1958** : Assassinat par l’armée française.
- **2007** : Érection du monument d’Éséka .

#### ? **Références culturelles et académiques**
- **Ouvrages fondateurs** : *Le Problème national kamerunais* (Achille Mbembe, 1984) ; *Kamerun ! Une guerre cachée* (Deltombe et al., 2011) .
- **Documentaire** : *Panafricain-e-s : Ruben Um Nyobè, le héros oublié* (Le Monde, 2018) .

> ? **Citation emblématique** : *« L’UPC n’est pas un parti, c’est un mouvement de libération ancré dans la souffrance des peuples. »* — Extrait d’un discours au maquis, 1956 .

Ruben Um Nyobè incarne la résistance intellectuelle et populaire contre le colonialisme, mais son héritage reste un enjeu de luttes mémorielles entre récupération politique et quête de vérité historique.

maitreovenga

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